La chair est au centre de ma pratique. J’utilise des organes comme matière première : je les moule, les brûle, les fige pour les recomposer en formes sculpturales. Le corps n’y est pas représenté : il se transforme, se fragmente, se reconfigure à travers ces gestes.

 

Les organes, extraits de leur fonction physiologique, sont reconfigurés. Hors du corps, ils ne sont plus des éléments intimes ou abjects, mais des structures ambivalentes, mises à distance, ré-agencées. Ce traitement produit une rupture : ces fragments deviennent des objets d’étude, des formes suspendues entre le biologique et le sculptural.

 

Ce déplacement s’inscrit dans une lecture post-dualiste du corps, comme le développent Jean-Luc Nancy ou Donna Haraway : un corps fragmenté, ouvert, poreux, en constant remaniement. Le corps n’est plus une totalité, mais un lieu de circulation de forces, de récits et de matières.

 

Mon travail n’a pas pour but de provoquer, mais d’exposer ce qui, habituellement, reste enfoui.En rendant visibles ces formes internes, il s’agit de faire apparaître ce que la chair retient encore; une mémoire, une présence, une trace.

 

Une forme de persistance du corps.

Tripes de vaches moulées puis tirées en verre - Cow intestines molded and then cast in glass

Ventrem Conscio

2019

verre, acier, ampoule, câble électrique